Crise du Malì (continuation)

Creato Mercoledì, 17 Aprile 2013 12:51
Ultima modifica il Martedì, 10 Marzo 2015 14:09
Pubblicato Mercoledì, 17 Aprile 2013 12:51
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Emmanuel DUPUY, Professeur de Géopolitique, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe IPSE (think tank indépendant situé à Paris, créé en 1980 dédié à l’analyse prospective de l’espace géopolitique européen, notamment son voisinage stratégique méridional et oriental), ancien Chargé de mission au sein de plusieurs cabinets ministériels (Défense et Anciens Combattants), ex chargé d’études au sein de l’IRSEM (Institut de Recherche et d’Etudes Stratégiques de l’Ecole Militaire).

 

Que sait-on des axes de travail de Michel Reveyrand de Menthon (mandaté par l'UE) pour une solution politique durable au Sahel ? Quels en seraient les enjeux au titre du développement de la région sahélienne ?

 

ED : La mission du Représentant Spécial chargé de la mise en œuvre de la Stratégie de l’UE pour le développement de la sécurité au Sahel - péniblement adoptée en mars 2011, dans l’optique de traiter la crise au Sahel sous une « approche globale » - comporte 4 volets et s’articule en actions de court terme (inférieures à 3 ans) et de long terme (de 5 à 10 ans) : 

 

      -   Développement, bonne gouvernance et règlement des conflits internes ;

      -   Action politique et diplomatique ;

      -   Sécurité et Etat de droit ;

      -  Prévention et lutte contre extrémisme violent et radicalisation.

 

Le premier volet consiste à réinstaurer la bonne gouvernance au Mali, le deuxième à réaffirmer une homogénéité de la sécurité sur l’ensemble du territoire, le troisième à veiller au processus politique en assurant la tenue d’élections libres et transparentes. Le Ministre Français des Affaires Etrangères Laurent Fabius était il y a de cela quelques jours au Mali pour réaffirmer l’ambition française qui est que la France souhaite avec insistance que les élections soient impérativement organisées d’ici le 31 juillet prochain. Inutile de vous dire que quand on revient du Mali, ce qui est mon cas il y a de cela quelques semaines, il est clair que c’est un vœu pieux. C’est littéralement et matériellement impossible. Mais toujours est-il que c’est une ambition !

L’UE a, pour sa part, une autre ambition, qui est d’assurer la transition en accord avec l’agenda de la Communauté Internationale. Et c’est toute la réflexion sur la passation de pouvoir, la transmission, entre l’Opération Serval, la montée en puissance de la MISMA renforcée par les soldats Tchadiens, et la mise en place concomitamment d’EUTM Mali (la mission européenne entamée depuis la semaine dernière pour la formation de 4 régiments de l’armée malienne – 3 000 hommes - en 15 mois).La dernière mission à laquelle doit donc s’atteler « Monsieur Sahel » de l’UE, c’est l’instauration d’un climat politique stable (en lien avec les autres Monsieur Sahel mandatés par les autres interlocuteurs internationaux) en vue de mettre en place un processus de Réconciliation nationale. C’est à ce titre qu’a été mis en place un Comité Dialogue et Réconciliation (effectif depuis le 6 mars dernier, mais dont seulement trois membres sur trente ont été désigné) et d’un Comité de Réforme des Forces Armées, sous l’autorité du Capitaine Sanogo. Une des ambitions auxquelles l’UE tient beaucoup, et qui s’inscrit également dans celles auxquelles traditionnellement la Communauté internationale s’attelle, est le contrôle politique et parlementaire des forces armées (DDR) et la Réforme des Systèmes de Sécurité (RSS). Voilà à peu près le canevas de l’action de Monsieur Sahel.

 

Et en arrière plan, il reviendra à Michel Reveyrand de Menthon de réaffirmer l’engagement réel de l’UE, critiquée pour son absence « ostensible » alors même qu’elle est engagée depuis une décennie à travers un saupoudrage d’actions, selon l’image d’une lente sédimentation. Cela fait une dizaine d’années, en effet, que l’UE investit non seulement le Mali mais l’ensemble de la sous-région à travers des financements importants de l’ordre d’un milliard et demi d’euros, L’UE distribue, en effet, une enveloppe financière consacrée à des projets de développement d’une ampleur considérable : 503 millions d’euros pour le Mali, 458 millions pour le Niger et 156 millions pour la Mauritanie. Au-delà, une mission d’assistance et de conseil des forces de sécurité nigérienne au Niger (EUCAP Sahel- Niger) et un certain nombre de projets de formation et de lutte contres les trafics (tels que la mise en place d’un Projet de Collège Sahélien de Sécurité qui devrait s’appuyer sur le modèle de l’Ecole de formation au maintien de la paix situé à Kolikoro à une soixantaine de km de Bamako ; la mise en place d’une sorte d’INTERPOL de l’Afrique de l’Ouest : le West African Police Information System (WAPIS), partie intégrante du plan d’action de l’UE contre le narco-trafic, et bien évidemment un soutien aux forces armées locales afin qu’elles soient au niveau pour combattre les menaces qui pèsent - au-delà du Mali - sur plusieurs pays de la sous-région).

 

di Etienne Marchadier