Crise du Malì

Creato Lunedì, 15 Aprile 2013 18:14
Ultima modifica il Martedì, 10 Marzo 2015 14:08
Pubblicato Lunedì, 15 Aprile 2013 18:14
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Emmanuel DUPUY, Professeur de Géopolitique, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe IPSE (think tank indépendant situé à Paris, créé en 1980 dédié à l’analyse prospective de l’espace géopolitique européen, notamment son voisinage stratégique méridional et oriental), ancien Chargé de mission au sein de plusieurs cabinets ministériels (Défense et Anciens Combattants), ex chargé d’études au sein de l’IRSEM (Institut de Recherche et d’Etudes Stratégiques de l’Ecole Militaire).

 

 

Que révèle la série des démissions au Ministère des Affaires Etrangères sur le sujet malien ? Les perspectives d'accompagnement et de développement en sont-elles fragilisées ?

 

ED : La nomination de Monsieur Gilles Huberson, qui est maintenant notre nouvel ambassadeur au Mali, témoigne effectivement d’un changement de nature dans la sociologie de notre représentation diplomatique qui met effectivement en danger ce que vous évoquez mais ouvre également une autre perspective que l’on n’a pas nécessairement à l’esprit. Les autres mandatés sur la zone Sahel (de l’Union Européenne, de l’Union Africaine ou encore le représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU) ont tous des profils très politiques et très diplomatiques (anciens présidents ou ayant exercé des fonctions étatiques). Or, il se trouve que nous avons choisi de ramener quelque peu la gestion de ce dossier à la question sécuritaire. Il s’agit dès lors de convaincre les interlocuteurs français (les ONG, les ministères des Affaires Etrangères et de la Défense) que l’ambition de sécurisation rejoint celle de la stabilisation.

 

C’est là où il y a sans doute un problème parce que la nature même de notre implication sur le terrain est encore très éloignée de cette mission de stabilisation. On est encore dans une phase de contre-terrorisme, pas encore dans une opération plus globale de lutte contre le terrorisme. Lutter contre le terrorisme, c’est faire en sorte d’asseoir la bonne gouvernance, faire en sorte de prolonger l’action d’aide au développement sur le plus long terme, trouver une réponse au problème des réfugiés et les réinstaller sur les terres dont ils ont été chassés. Tout ça pour dire que je ne suis pas certain que la configuration actuelle de notre outil diplomatique puisse répondre à ces problèmes…encore.

 

Tout le monde sait que le Ministère de la Défense a annoncé que nous partirions à la fin du mois. Il a évoqué le départ de 3 000 soldats, laissant 1 000 soldats français sur le territoire. Mais il n’a pas évoqué la suite : à savoir, qui viendrait assurer la suite, dans une perspective de continuum de la sécurisation du Nord-Mali. C’est sans doute là qu’il y a un énorme travail à faire et je ne suis pas certain que cela puisse être mis en place à travers l’outil de coordination que nous avions jusqu’alors. Il s’agissait d’une Task Force Sahel qui regroupait non seulement le Ministère des Affaires Etrangères et de la Défense, mais aussi d’autres acteurs étatiques. Il se trouve que dorénavant la Task Force dont l’on parle - à savoir une mission similaire de coordination interministérielle Mali-Sahel (MMS) au sein de la Direction de l’Afrique - Océan Indien (DAOI) du ministère des Affaires étrangères - est une mission qui regroupe quasi-exclusivement ces seuls deux ministères.

 

di Etienne Marchadier